Une amoureuse de la nature, des animaux et bien évidemment des chevaux. Cavalière depuis mon plus jeune âge, les chevaux n’ont jamais quitté mon esprit. Mon référent, Claude GUILBAUD, m’a guidé dans cet apprentissage depuis mes trois ans. Respect du cheval, humilité, confiance, dans la joie (ou la douleur), et cette phrase gravée dans mon esprit : « on ne monte pas à cheval avec ses muscles, on monte avec ses tripes ». Vingt-huit ans plus tard, rien n’est encore plus magique que cet instant parfait ou les sabots se posent exactement à l’endroit voulu au moment voulu. La sensation de ne faire qu’un avec son cheval, le moment de grâce pendant lequel il n’existe plus rien d’autre au monde que cette communication absolue : je pense ; il fait.

(Les diplômes : Bac S option Equitation/BTS Productions Animales option Equin/Galop 7/Savoir 4/Meneur ATE)

Pourtant difficile, la connaissance de ces gros herbivores programmés par leur instinct à fuir toute menace. Alimentation, habitat, génétique, soins, biomécanique et surtout comportement, capacités d’apprentissage, méthodes ont fait et continuent à faire MON apprentissage.

En Nouvelle-Calédonie, à Koumac et alentours, il reste de nombreux troupeaux de chevaux en semi-liberté ou complètement sauvages, mais il y a aussi des élevages de chevaux de race (Purs sang, Quater, Selle) et de nombreux particuliers propriétaires. J’ai donc la chance de travailler avec une grande variété de comportements, d’habituations, de degrés de sensibilité… De plus ces chevaux sont destinés à des vies complètement différentes, allant des courses hippiques aux randonnées en passant par le travail du bétail et le saut d’obstacle, c’est une chance fabuleuse !!!!!

Pour vous montrer un peu comment ça se passe, voici un petit résumé du cheval sauvage qui vient d’être capturé (dans des conditions pas toujours faciles) jusqu’au travail en selle.

Sur la séquence ci dessus, on peut voir que Boy (l’étalon) n’a pas particulièrement envie de se laisser approcher par un humain. Le travail consiste alors à récompenser toute avancée vers moi, tout intérêt qu’il me porte… jusqu’à ce qu’il me fasse face et accepte que la baguette le touche. Je met donc de la pression sur le cheval (sonore, physique…) et j’enlève immédiatement cette pression quand il fait un mouvement vers moi : Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis

De la même manière, afin qu’il accepte le contact, j’insiste jusqu’au contact de la baguette (cravache). C’est un premier contact physique entre lui et l’humain, et je reste protégée s’il lui vient à l’idée de taper ou de mordre. De plus, il apprend que la baguette n’est pas un outil de torture mais de simple communication.

Une fois qu’il accepte le contact, il n’y a plus qu’a passer la corde !
Ça prend jamais plus de 24 H ,-)

Une fois la corde passée, lui demander de céder à la pression afin de venir me rejoindre.

Premier contact physique direct. Finalement c’est bien sympa, la main ne va pas l’attaquer et c’est même lui qui vient chercher le contact…

On attaque les grattouilles de plus en plus loin vers l’encolure. La proximité de l’humain dans la décontraction…

Du coup on peut se détendre et profiter de la nouvelle entente entre nous deux! Ce n’est qu’une première étape, à ce stade nous ne somme qu’à la tolérance, aucun de nous deux ne se sent réellement en sécurité. Attention aux réactions de peur toujours très violentes chez les chevaux…

Puisqu’il n’a plus peur de moi, je commence à lui présenter d’autres choses bizarres, comme un linge qui flotte dans le vent… Son courage l’amène à braver le truc étonnant pour venir me voir. Gagné !

De trucs bizarres en trucs étonnants, on fini par mettre le licol sans aucun soucis…

Mon idée principale avec les chevaux est d’établir une relation où confiance, respect et bonne volonté s’équilibrent assez pour que le cheval n’ai aucune crainte de ce qui vient de l’humain ou de ce qu’il peut se passer en présence de cet humain mais qu’il fasse attention à ce qu’il lui demande et qu’il y réponde avec envie.
Bien sûr il y a des moments où ça ne se passe pas comme on veut, c’est pour cela qu’on ne joue pas avec la sécurité. Gants, casque, gilet sont mon quotidien, heureusement ils ne servent réellement que très peu souvent mais mieux vaut prévenir que guérir.

« Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup »

François Baucher

« Faites du cheval un compagnon et non un esclave, vous verrez quel ami extraordinaire il est »

Nuno Oliveira

« On est pressé, allons doucement »

Andy Booth

Une ligne d’attache pour une semi liberté, du foin ou de l’herbe, une petite ration de céréales pour la gourmandise, la douche après le travail… Tout est bon pour que le cheval apprécie les moments passés avec l’humain. Et du coup on en profite même pour faire les présentations avec le propriétaire et le photographe ! Entrecoupé d’un petit cache-cache derrière un arbre…

L’étape suivante est d’apprendre à suivre les demandes du licol, plier la tête, la baisser, avancer, reculer… Toutes ces demandes servent à pied, pour pouvoir manipuler le cheval et le soigner mais elles sont aussi la base du futur travail en selle. Durant toutes ces étapes, la main de fer doit être là mais toujours entourée du gant de velours !

Profitant de la confiance installée, on poursuit sur l’apprentissage de donner les pieds. Etape essentielle car « pas de pieds, pas de cheval » on doit pouvoir manipuler et soigner sans affolement.

Pour la beauté des photos! Et dans le soucis du détail, la décontraction se voit jusque dans l’oeil du cheval…

La désensibilisation (acceptation de tout ce qui vient de l’humain) se poursuit avec d’autres choses bizarres, un pull, toucher les oreilles, mettre les doigts dans la bouche, la douche… et même un photographe qui bouge !!

La douche est un bon moyen de faire accepter une pression (un contact) qui ne demande pas de réaction. Le cheval doit aussi apprendre à rester tranquille quand il est attaché quelque part. Il en est heureux de revoir son humain 🙂

Le cheval doit accepter d’être touché partout notamment pour pouvoir faire les soins nécessaires. Un de mes rôles est aussi de veiller au bon état de santé car il est un lien inéluctable entre le physique et le psychique. Sur cette séquence, je le traite avec un produit antiparasitaire et répulsif car il était chargé de tiques et de mouches à bétail. Les soins comme celui-ci peuvent avoir un coût financier mais ils aident à la bonne relation cheval⁄humain.

Autre chose peu ordinaire, les chevaux sont très craintifs de l’endroit ou ils posent leurs pieds car cela conditionne leur sécurité. Leur seule réaction instinctive face à la peur est la fuite. Pour permettre d’atténuer cet instinct, je me sers de la bache. Couleur et odeur inhabituelles, bruit et texture étonnants, s’il me fait assez confiance pour franchir cet obstacle, il passera partout.

Quand la confiance est établie, il accepte même la bache sur le dos, les grands mouvements et claquements de chambrière (fouet), tout ça toujours dans le calme et la décontraction…

Le cheval doit être habitué à être sellé et bridé sans bouger quelques soient les mouvements autour de lui.

Avant de monter dessus et pour être sure d’être en sécurité, pour moi et pour les futurs cavaliers, il est nécessaire de vérifier que le cheval ne réagisse pas aux mouvements annexes.

Une fois que c’est vérifié dans différents environnements on peut commencer l’étape du montoir. Cela consiste à faire accepter au cheval le passage du mode piéton au mode cavalier. Autrement dit le débourrage !

Il arrive que cela bouge un peu !!! Mais au grand regret de Philippe, je ne me suis pas envolée ce jour là…

Quelle que soit l’approche et les circonstances, la recherche de la décontraction du cheval est permanente….

En selle ! On commence avec les apprentissages des ordres venant des jambes et du poids du corps. Le débourrage ne sera fini que quand le cheval sera capable de marcher, trotter, galoper, s’arreter, reculer et tourner à toutes les allures.

En fonction du futur du cheval, c’est le moment de lui apprendre les particularités de son travail. Par exemple, cette jument va travailler au bétail, elle doit donc savoir ouvrir et fermer les portes. C’est donc l’objet de cette séance !

Et après, c’est le moment ou tout le monde s’amuse … On peut freiner fort, tourner très court et commencer à se sentir complètement connecté avec son cheval !

Je tiens à remercier Marieke et Philippe pour le temps consacré à ce reportage et ces milliers de magnifiques photos… Je souhaite aussi remercier tous les propriétaires de chevaux qui me font travailler et particulièrement Philippe COGULET et Jean-Marc FROIN chez qui les photos ont été prises. Grosse pensée pour Nina-San, mon amour de cheval qui m’a tellement appris…

Et pour ma part, un grand merci Mathilde Dilasser pour tous ces moments d’apprentissage, de rires, d’émotions, de partage durant ces deux mois et demi de reportage photos dans ton quotidien.
Tout simplement merci.

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