Vigan est une ville qui a beaucoup à offrir. Que ce soit en terme historique de par l’architecture particulière datant de l’époque espagnol, ou bien des combats datant de la même époque, mais aussi bien d’autres choses datant de la colonisation Américaine. Mais ce qui nous intéresse tout particulièrement ici, c’est une trace laissée par le passage des Chinois et le savoir-faire qui s’en dégage « Les Jars de Vigan » et retrouver aussi les étoffes d’Abbel.

Un des savoirs faire du coin est la fabrication des jars. Nous avons fait la rencontre RG Jar, le potier du coin et visité avec lui son atelier. Vous me diriez que la poterie se retrouve partout, oui bien sûr. Certes il y en a dans beaucoup d’endroit du monde, mais ici ils ont leur spécificité et leur tradition.
Une spécificité que je décrirais très Philippines . Depuis notre arrivée aux Philippines, on a pu constater que les gens emploient souvent leur méninge pour trouver une solution. Un objet cassé n’est pas remplacé mais plutôt réparé, ici le DIY (Do I Yourself) n’est pas une philosophie de vie, c’est leur vie. Il n’y a que peu de machine pour suppléer leur travail et tout ce fait encore traditionnellement, et surtout manuellement. Pour les jars, le principe manuel s’applique aussi, le tout à la sueur de l’Homme.
Je vais vous expliquez cela par étape par étape :

  • Tout d’abord la terre. Pour l’avoir touchée, elle ressemble fort a de la terre glaise mais nous avons oublié de demander d’où venait celle-ci. Du coup si vous avez l’infos n’hésitez pas à nous la transmettre ! Elle ne doit pas venir de très loin. Les moyens utilisés pour l’extraire et l’amener jusque-là doivent très probablement être manuels. Si vous en savez plus hésiter pas à nous envoyer un petit mail. On a tout de même quelques infos, cette terre arrive sous forme d’un gros bloc cubique comme vous pouvez le voir sur l’arrière fond gauche de la photo.
  • Pendant que l’un modèle sur le tourniquet, l’autre prépare en assouplissant un morceau de terre pour le prochain pot. On dirait un boulanger en train de pétrir sa pâte. Ça a l’air simple en le voyant, mais je vous promets c’est lourd, dur et solide.
  • Une fois la pâte pétri, il la dispose sur le plateau tournant. C’est là une des particularités de la fabrication. Ici, pas de machine électrique pour faire tourner. Tout est manuel. Même pas pour faire tourner la plateforme de modelage. Il y a un tourneur (Si vous souhaiter avoir des abdos en béton, je vous propose une petite séance de 3×15 minute par semaine ça devrait suffire). Le tourneur fait cela 6 à 8h heures par jour voir plus, 6 jours sur 7. Je vous laisse imaginer les plaquettes de chocolat. Très sportif ! C’est donc à coup de grande enjambé, très musclé, que la plateforme tourne afin que le modelage de la terre puisse se faire.
  • La fabrication des jars, lorsqu’on les regarde faire, semble assez facile. Mais cela demande un vrai savoir-faire, deux mains de fer dans des gants de velours, de la force et de la délicatesse en même temps ! Marieke, pour l’avoir essayé vous le dira, ce n’est pas si simple que ça, un peu trop de force et tout foire. Si vous passez dans le coin n’hésitez pas à tester directement dans l’atelier, ils se font un plaisir de vous aider et de vous accompagner dans la découverte du geste.
  • Une fois les jars confectionner (pour Marieke ce sera un cendriers), elles doivent suivre un processus de séchage pendant 3 semaines avant de pouvoir être cuite. Elles sont gardées dans un garage, entrepôt où l’aire est relativement sec. Mais surtout à l’abris de la pluie, de l’eau et des gros changements de température.
  • Le PETIT four est actif une semaine par mois pour faire cuire les Jars. Sa température monte jusqu’à plus de 1 000 C°. Un vrai brasier. À nouveau, tout cela sans électricité ou multiple sous pape de contrôle de température. Juste avec un savoir-faire et quelque planche en bois.
    Le reste du temps, le four est nettoyé et entretenu pour la prochaine utilisation. Les pots doivent être cuit un jour et une nuit, soit, 24 heures de surveillance. Ce four date de 1823, il est long de 50 m et peut contenir un millier de pot. Il fait penser à un tunnel que je vous laisse découvrir sur les photos.

Par la suite chaque pièce sera vendue. Les jars ici sont utilisées comme stockage, décoration et pour la fermentation du vin de canne à sucre : le basi. En voilà encore un savoir-faire dont on aurait pu vous parler. Ils ne fabriquent pas que des pots.

En tout cas nous avons pas mal appris sur la fabrication de jars et espérons vous avoir partager cela. C’était une rencontre sympathique, et la prochaine fois que nous achèterons des pots, nous ne rechignerons pas pour 1 ou 2 euros de plus, quand on voit tout le boulot que c’est !

Phil et Marieke vos globetrotteurs